« Votre objectif est de faire crèche et halte-garderie. Moi, j’aurais besoin du matin mais à 11 h 30, je ne peux pas être de retour. Comment peut-on faire ? Ce n’est pas un accueil en halte ni en crèche que je veux et de toute façon, je ne peux pas payer la crèche parce que cela fait trop. »
Arc en Ciel s’est, dès le départ, adapté à des demandes multiples et toujours en évolution, des parents (horaires de travail, amplitude de journée, réalités diverses…). Pour y répondre, ces demandes ont été prises en compte collectivement par l’ensemble des parents présents et pas uniquement par une équipe de professionnels ou un petit groupe de parents élus. Rendre un lieu accessible à tous, qu’il aille au delà de l’accueil de l’enfant pour passer à celui des familles et de toutes les familles sans que l’accueil de l’enfant ne perde en qualité, est forcément une volonté commune et une démarche qui se travaille continuellement.
Jusqu’où peut-on aller ? Quelles limites peut-on mettre à l’accueil d’une famille momentanément en grande difficulté, que ce soit une chance pour elle sans être un risque trop grand pour les autres ?
Dès l’instant où l’on veut que l’ensemble des familles participent au développement de la structure, cela veut dire que, si une famille est en difficulté, il faut qu’elle soit acceptée et admise par cet ensemble. Pour réussir, cela nécessite de travailler sur toutes les différences à partir du constat que chacun est différent.
« Dans ce projet d’ouverture à tous, même si dans un premier temps j’ai pu m’autoriser à dire que c’était difficile, ce qui est aidant est de considérer que c’est la situation dans laquelle est le parent qui est difficile et pas le parent lui-même. Ce n’est tout de même pas la même chose ! De mon point de vue, il n’y a pas de parents qui ne soient jamais en difficulté avec leurs enfants ; il y en a par contre qui sont sous le cumul des difficultés. »
Ce que l’on essaie de vivre à Arc en Ciel, c’est moins d’accueillir une personne qui est différente que de vivre ensemble des différences dans un même lieu. Cela fait longtemps que j’ai appris que les parents ne sont pas des problèmes mais des ressources. »
Michelle Clausier, éducatrice spécialisée de formation, témoigne de sa pratique quotidienne et de celle des parents à Arc en ciel, à Vénissieux. Elle est maintenant, formatrice à l’Acepp.
