Dans le Rhône, la moitié des établissements d’accueil de jeunes enfants au nombre de plus de deux cents environ sont gérés par des associations. Parmi ces établissements, un peu plus de cent sont gérés par des associations locales : nous allons nous concentrer sur ces acteurs-là. Nous appelons “associations locales” des associations dont les administrateurs sont les parents utilisateurs ainsi que des habitants du quartier, de la ville ou du village. Ce sont donc des associations très bien implantées au niveau local et très proches des réalités des familles qui habitent à proximité du service.
Ces associations sont des acteurs économiques à trois niveaux :
Premièrement, elles proposent des services diversifiés aux familles : établissements d’accueil de jeunes enfants (ex crèche et haltes-garderies), relais d’assistantes maternelles, groupement d’employeurs, accueil de loisirs, microcrèches, porteurs de projet… Ces services ont été créés par des habitants des territoires, en particulier des parents, en lien avec des besoins spécifiques des familles et des partenaires locaux. Ces services sont implantés dans des territoires très divers : 75 % des services se situent dans Lyon et la première couronne, le dernier quart se situe dans le rural. 25 % des services sont implantés dans des quartiers relevant de la politique de la ville.
Ensuite, les associations locales sont des employeurs.
Nous avons mené une petite enquête auprès de vingt-et-une associations gestionnaires d’établissements d’accueil de jeunes enfants : elles emploient 190 salarié(e)s. C’est un emploi majoritairement féminin, et, dans 45% des cas, un emploi à temps partiel. 9% de ces salariés bénéficient d’un contrat aidé, particulièrement dans les crèches à gestion et à participation parentale. La plupart de ces salariés sont inscrits dans des parcours de professionnalisation. Depuis juillet 2007, les structures petite enfance ont adopté, comme l’ensemble de la branche, une convention collective nationale.
Enfin, ces associations gèrent d’importants volumes financiers et s’inscrivent dans des partenariats riches et complexes. Elles sont financées par les parents, la prestation de service de la CAF (66% d’un prix de revient fixé au niveau national), et les communes ou communauté de communes (entre 2000 et 9000 euros/berceau).
Ces associations sont aussi des acteurs de l’économie sociale et solidaire et ce, pour plusieurs raisons.
En favorisant l’accueil des jeunes enfants, elles permettent aux parents – en particulier les mères – de concilier vie familiale, vie sociale et vie professionnelle. Ces lieux de petite taille ont une dimension sociale forte et jouent un rôle très important dans la vie des familles dans ces périodes difficiles. En témoignent les participations importantes des “anciennes familles” pour les fêtes d’anniversaire : les 20 ans des Gônes Trotteurs et de Nicolas et Pimprenelle, les 10 ans des Oisillons...).
En permettant aux parents de s’impliquer dans la vie de l’établissement et au sein de l’association, elles permettent à chacun : • d’être porteur du projet collectif, • de développer des connaissances et des compétences, • d’être un acteur de la politique petite enfance, • d’être reconnu dans la société. Plusieurs administrateurs nous ont sollicités pour les accompagner à formaliser un projet professionnel en lien avec les compétences qu’ils ont développées, et les nouveaux horizons que leur a ouverts cet engagement associatif.
Au-delà de l’accueil des jeunes enfants, les associations permettent de créer et de maintenir du lien social et de la solidarité entre les familles ; elles jouent un rôle d’intégrateur social dans de nombreux cas. Une enquête a été menée auprès des familles de deux établissements d’accueil de jeunes enfants : Nicolas et Pimprenelle à Lyon et Les Oisillons du Ravatel à L’Arbresle pour mieux savoir quel rôle l’association a eu dans l’intégration des familles sur le territoire, dans l’accompagnement à leur fonction de parents…
Elles permettent à des “nouveaux arrivants” d’être membres à part entière de la communauté, de passer du statut de “rien du tout” au statut de président, d’interlocuteur de la mairie, de la CAF, du département…
Par Gaëlle Ginot, chargée de mission à l’Acepp Rhône