Du côté de l’État
La spirale de la crise économique et du chômage s’est incrustée, petit à petit mais sûrement, dans le paysage, dès le début des années 80… et continue toujours de s’amplifier.
En même temps, l’un des mythes du progrès social "un logement doté du confort moderne pour tous", qui avait permis de résoudre rapidement la terrible crise du logement des années d’après guerre, avait abouti à des quartiers excentrés, sans attrait, qui ont vite été abandonnés par les classes moyennes : ils ont subrepticement reproduit les ghettos américains tant décriés par le modèle français de l’intégration républicaine.
Dès le début des années 80, s’est inventée une politique spécifique pour tenter de redresser la barre dans ces quartiers d’habitat social qui cumulaient : dégradation d’un habitat construit trop vite et à bas coût, dégradation sociale dû à la montée du chômage et de la paupérisation, concentration de populations socialement fragilisées et notamment issues de l’immigration. Bien sûr, le problème de l’échec scolaire pointait, alors qu’on mettait la gomme sur la réussite scolaire (objectif : 100 % de bacheliers).
Du côté pouvoirs publics
On avait mis l’accent sur l’école maternelle à deux ans dans ces quartiers pour faciliter les apprentissages précoces. La Protection maternelle infantile (PMI) innovait en faisant animer les salles d’attente de consultation PMI par des éducateurs de jeunes enfants et on valorisait les cultures d’origine, par exemple, avec des séances musicales (avec l’association Enfance et Musique, notamment).
Et puis, c’est là que se développèrent les "lieux d’accueil enfants-parents", inspirés au départ des "Maisons vertes" de Françoise Dolto.
L’ACEPP relève le défi
Un programme expérimental "interculturel" dans les quartiers d’habitat social a été lancé en 1986, grâce au soutien d’une fondation hollandaise, Bernard van Leer : l’émancipation des femmes, le développement des jeunes enfants, l’échange et la compréhension entre cultures diverses… et la capacité de parents de ces quartiers dits "défavorisés" à prendre en mains une association, à participer au "développement social local".
Mais à partir de 1995, l’enjeu s’élargit : c’est dans toutes les crèches du réseau et au-delà qu’il faut introduire une démarche d’"ouverture à tous", c’est à dire à la diversité culturelle des familles tant sociale qu’ethnique. Au niveau des crèches c’est le "projet social" qui est lancé et promu dans le réseau ACEPP dès 1997.
Comme il s’agit d’un enjeu politique, de lutte contre les discriminations par des moyens concrets, à partir de la petite enfance, le travail, les actions et réalisations sont nombreuses et l’impact s’étendra au-delà du contexte français, via un réseau européen, le DECET(7).
Mais pour ce qui est de la France, l’ACEPP a été accompagnée par les institutions qui, par nature étaient concernés par cette problématique et se sont intéressées, plus ou moins selon les périodes, à ce programme de l’ACEPP : le FAS (devenu ACSE), la CNAF, la DIV et le Ministère de la Solidarité. Et bien évidemment, c’est aussi au niveau local que les partenaires ont été sensibilisés à cette démarche, via les projets locaux mais aussi dans le cadre du programme d’accompagnement-formation dit "3P", parents-professionnels-partenaires.
(7) DECET (Diversity in Early Childhood Education and Training) : Tous les enfants et les adultes ont le droit d’évoluer et de se développer dans un contexte qui offre équité et respect de la diversité.